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Actualités Le livre du mois

Le livre du mois

Giuliano da Empoli, est né en 1973 à Neuilly-sur-Seine (France). Diplômé en droit et en sciences politiques, il a été conseiller du Premier ministre italien Matteo Renzi. Il publie des essais tirés de son expérience d’observateur engagé de la vie politique.


Dans L’Heure des prédateurs, Giuliano da Empoli poursuit sa réflexion sur les mutations du pouvoir mondial, dans la lignée de ses ouvrages précédents : Les Ingénieurs du chaos et Le Mage du Kremlin. Cet essai décrit avec une acuité remarquable l’émergence d’un ordre mondial dominé par des “prédateurs” qui remettent en cause les valeurs démocratiques et le droit des personnes.


Pourquoi ce livre est une lecture importante dans les circonstances actuelles ?

Essai politique construit à partir de récits anecdotiques et non de concepts abstraits, ce livre dépeint un monde où l’ordre démocratique et juridique hérité des Lumières, se délite. L’auteur replace en effet ces nouveaux “maîtres du monde” dans une continuité historique de figures brutales, cyniques et machiavéliennes qui redéfinissaient les règles du pouvoir sans égard aux lois ni au bien commun. En particulier, Da Empoli met en lumière la relation symbiotique entre ces autocrates politiques et les oligarques de la « Tech » pour qui l’intelligence artificielle est un nouvel outil de domination, de manipulation et de contrôle.

Qu’est-ce que cette lecture me dit des enjeux de l’existence humaine, en particulier à la lumière de nos références chrétiennes ?

Très pessimiste, la vision décrite par l’auteur nous alerte sur la perte de légitimité d’une autorité dévoyée (le récit du dîner avec le potager de Michelle Obama est… savoureuse) et sur la montée de la violence politique et économique incontrôlée à l’ère numérique. Par son style original, mêlant récit, métaphore et analyse politique, il nous invite à une vigilance renouvelée en illustrant comment la perte du sens moral dans la gestion du pouvoir ouvre la porte à l’ère de ces prédateurs.

À titre d’exemple, trois passages méritent d’être cités :

1. « Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée ». Ce passage évoque une apocalypse en cours, où la violence brutale remplace la raison et la loi. Le “feu et l’épée” font penser aux images bibliques de jugement et de purification, mais ici sans espoir clair de salut collectif, plutôt un effondrement du monde ordonné.

2.« Nous ne vivons plus dans un monde gouverné par le droit, mais dans un monde régi par la sidération. Le chaos n’est plus une menace, il devient une méthode ». Cette phrase souligne la stratégie délibérée des prédateurs qui utilisent le chaos pour asseoir leur pouvoir. Le renversement de l’ordre naturel, donc divin, du droit laisse la place à la notion théologique de la “perversion” de la création par le mal.

3.« Ces nouveaux prédateurs ont perdu tout contact avec l’histoire, ils ignorent le passé, méprisent le présent, et projettent un futur narcissique à leur image ». Cette phrase évoque une rupture anthropologique et spirituelle fondamentale : le rejet de la mémoire collective et de la sagesse morale traditionnelles ; l’abandon du “chemin, de la vérité et de la vie” (Jean 14,6), qui mène à la déshumanisation et au désespoir. Résonnant comme un appel à cultiver la vertu et la justice, face à la “sidération” du monde, ce livre nous invite donc à reprendre le combat contre le mal, non pas par la
force brute, mais par le renouvellement intérieur dans la fidélité aux principes évangéliques. En effet, alors que les Écritures nous rappellent que le pouvoir est une responsabilité sacrée et non une fin en soi, Giuliano Da Empoli décrit des nouveaux maîtres qui trahissent cette responsabilité morale, en s’entourant d’alliances contre nature et en ignorant et dévoyant ses limites éthiques.


L’espérance chrétienne nous invite à ne pas céder au désespoir et à combattre le mal par la vertu et la prière. Cette double tension entre reconnaissance du mal (l’Heure des prédateurs) et appel à la résistance du bien (l’action des “hommes de bien” selon John Stuart Mill, évoqué dans le livre) résonne avec le combat spirituel contre le mal décrit notamment dans le Livre de Job ou la Lettre de Saint Paul aux Romains (Romains 12,21 : “Ne sois pas vaincu par le mal, mais surmonte le mal par le bien”).

L’Heure des Prédateurs, positionne ainsi le lecteur à la croisée de la politique mondiale actuelle et de l’indispensable réflexion éthique et spirituelle qu’elle doit nous inspirer.

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La paroisse s’inscrit au coeur d’un quartier populaire et multi-culturel du centre-ville de Genève.

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