« Les scrutins »
La fête de Pâques célèbre deux événements de libération : la sortie des fils d’Israël hors de l’Égypte et la sortie de Jésus hors de la mort. Bientôt, les catéchumènes qui se préparent au baptême seront plongés dans les eaux qui départagent l’esclavage et la liberté. Avec le troisième dimanche de Carême s’ouvre la période des « scrutins », durant laquelle les candidats sont invités pendant trois dimanches consécutifs à scruter leur intention à la lumière de trois figures évangéliques de libération : la femme de Samarie cherchant à entendre la Parole vraie, l’aveugle-né aspirant à voir la lumière et Lazare de Béthanie rappelé à la vie.
Les scrutins ne consistent pas dans une introspection. C’est le regard de Jésus, unique pour chacun, que les candidats sont appelés à laisser se poser sur eux, pour qu’il dissipe toute confusion des esprits. Comme il s’est posé sur chaque membre de la communauté qui les accueille. Lectures, prières, rites et exorcisme célébrés communautairement ménagent ainsi les conditions qui rendent possible un acte inséparablement existentiel et sacramentel, déterminé par la liberté et orienté vers elle.
Le rituel issu de Vatican II y insiste : l’initiation chrétienne ne désigne pas un chemin vers un but atteignable une fois pour toute. C’est un mouvement de conversion à reprendre tous les jours. Voilà pourquoi le temps de l’initiation ne se termine pas au moment de la réception du baptême. Pourquoi aussi la fête de Pâques ne se réduit pas à la mémoire d’un événement passé.
Notre vie tout entière est « pascale » – appel à conformer notre existence au dessein d’amour du Père manifesté dans la libération de son Peuple et dans la résurrection de son Fils. Comme aux catéchumènes, la liturgie des scrutins pose à nous aussi cette question : voulez-vous « avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 21) ? Veux-tu être libre ?
Grégory Solari