« Rameaux et Triduum pascal »
Le dimanche des Rameaux coïncide cette année avec la Pâque juive qui fait mémoire de la sortie d’Égypte et de la première Pâque célébrée sur la terre d’Israël donnée à Jacob et à ses fils. Du désert à Jérusalem : c’est cette trajectoire que nous invite à parcourir l’évangile donnant sa tonalité à ce jour. Après son peuple, nous marchons avec Jésus en direction de Jérusalem.
La liturgie des Rameaux consiste essentiellement dans ce cheminement physique et prophétique : il s’agit d’accomplir avec notre corps la parole de Zacharie (14, 1-9) : « Voici, le jour du Seigneur arrive, ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’orient, et le Seigneur, mon Dieu, viendra, et tous ses saints avec lui. En ce jour-là, le Seigneur sera le seul Seigneur, et son Nom sera Un ».
Cette invitation au mouvement à l’entrée de la Semaine sainte trouve son contrepoint à l’issue du Triduum pascal, quand le corps de Jésus est déposé, immobile, dans le tombeau. C’était la « la veille du Grand Sabbat » souligne l’évangile de Jean (19, 31).
Un intervalle sabbatique sépare la crucifixion, vendredi, de la résurrection, dimanche. Que fait Jésus samedi ? Il se « repose », comme le prescrit Exode 20, 8-11, et son repos remplit de l’intérieur la prescription biblique et rabbinique. Depuis lors, l’observance du Sabbat est inséparable de lui. Davantage que dans une coïncidence calendaire, c’est ici que se croisent Pâques et Pessah : dans le corps du Messie en repos, qui a voulu accomplir à la lettre le commandement du Sabbat. Pensons-y cette année. Quand arrive Samedi saint et que nous sommes trop affairés à préparer le dimanche, nos frères juifs observent pour nous, comme Jésus, le repos irrévocable du septième jour. Ainsi s’accomplit la prophétie de Zacharie. Dans un paradoxe.
Grégory Solari