Le Psaume
Autrefois réduit à quelques versets chantés par la chorale entre les deux lectures (épître et évangile), le Psaume figure aujourd’hui en entier dans le lectionnaire de la messe. Avec lui résonne dans nos églises toute la gamme des sentiments qui habitaient le cœur du psalmiste – le roi David dit-on – et de tout homme : joie, peine, repentir, colère devant l’injustice, jusqu’à l’angoisse que suscite le silence de Dieu, comme celle que ressentit Jésus sur la croix (Ps 21, 2).
« Psaume » en hébreu conjugue l’idée de louange et d’espérance. Pourquoi ? Parce que dans le psautier, la demande et l’exaucement ne sont pas séparés. La lecture comme anticipe sur la réponse de Dieu. Lire, chanter ou cantiller un psaume, c’est déjà rendre grâce. Avant l’homélie, dans ce moment de transition entre la Bible et l’Évangile, le psaume nous rappelle que nous ne prenons jamais la parole « sur » Dieu. C’est la Parole qui nous prend et nous donne les mots pour louer la fidélité de Dieu qu’atteste la voix des rois et des prophètes d’Israël rejointe par celle des disciples venus des nations « s’asseoir au banquet du Royaume messianique avec Abraham et Isaac et Jacob » (Mc 8, 19).
Voilà pourquoi un verset de psaume résonne également dans l’antienne d’ouverture (introït), au début de la messe. Nous n’y prêtons peut-être pas assez attention. Tandis que le psaume entier fait écho à la teneur de l’évangile, le verset de l’antienne donne la tonalité de la célébration, comme la clef de sol d’une partition musicale. Une suggestion pour vous préparer – mieux, pour vous accorder au Mystère célébré : lire et méditer ce fragment de psaume ouvrant la messe, voire l’apprendre par cœur. Car les mots issus du cœur du psalmiste attendent nos cœurs pour résonner autour de nous dans une variation sans fin.
Grégory Solari