Le Credo

Après la liturgie de la Parole culminant dans la proclamation de l’Évangile et avant la liturgie de l’Eucharistie qu’ouvre le chant de la Préface, l’Église invite la communauté à réciter le Symbole des Apôtres ou celui du concile de Nicée-Constantinople – ce que nous appelons le « Credo ». Le Symbole de la foi relève d’un autre registre que celui des lectures bibliques ou de la prière eucharistique. Ni récit ni mémorial, le Credo constitue un témoignage : il s’agit d’attester par sa récitation attentive que nous adhérons personnellement au contenu de la foi baptismale sur lequel repose la communion et l’unité de la communauté. D’où le nom de « symbole » utilisé pour désigner le Credo – súmbolon en grec se réfère à l’origine à un objet brisé en deux, dont chaque partie était conservée, et qui servait à prouver un lien entre deux personnes. Sous ce jour, les articles du Symbole constituent moins des notions ou des énoncés que des signes grâce auxquels les baptisés se reconnaissent unis dans la même foi. C’est ce lien entre symbole de la foi et baptême qu’atteste l’inscription des plus anciens credo dans la pierre des baptistères.

Pourquoi avoir ainsi placé le Credo entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique ? Pour nous faire prendre conscience que son contenu n’est pas extérieur à notre vie. Au contraire. Ce que nous professons alors en récitant les articles de la foi, ce n’est rien d’autre que ce que recouvre notre baptême – la vie inséparablement baptismale et ecclésiale, que saint Paul appelle la « vie en Christ ». Après la liturgie de Parole, l’Église par le Credo nous donne des mots pour épeler le « mystère de la foi » offert bientôt en communion dans l’Eucharistie.

Comment dire adéquatement le Credo ? Avec attention – de tout son cœur et de toute son âme. Et peut-être aussi en le chantant, comme ce fut l’usage longtemps. Avec reconnaissance – comme une action de grâce pour le don de la foi.

Grégory Solari