La prière universelle
La restauration de la Prière universelle constitue l’un des éléments distinctifs de la réforme de la liturgie voulue par le concile Vatican II. Après avoir été longtemps limitée à un seul jour dans l’année, la prière d’intercession caractéristique du Vendredi saint est aujourd’hui étendue à chaque célébration dominicale du Mystère pascal.
Les intentions s’y déplient de manière similaire : à partir de l’Église bénéficiant de la grâce de la résurrection en direction du monde aux prises avec les passions qui le blessent et le divisent. Ce qui se trouve ainsi souligné c’est que la communauté qui se rassemble autour du Seigneur et de sa Parole n’est pas étrangère au monde qui l’entoure. Ni sourde aux besoins des hommes auxquels il lui appartient d’être attentifs au long de son cheminement.
Deux mouvements analogues animent ce moment de la liturgie – deux montées : la communauté fait monter vers le Ciel sa prière pour le monde, puis elle fait monter vers l’autel les offrandes venues du monde. Par le mouvement de la parole (prière) et par le mouvement du corps (procession), ces deux montées successives veulent signifier l’assomption du monde et de tout ce qu’il contient dans la dynamique ascensionnelle – pascale – qui anime la liturgie.
Comme Jésus et à sa suite, la communauté qui est son corps prend sur elle et en elle tout ce qui reste à réparer et transfigurer dans la société qui nous entoure. Davantage qu’un catalogue d’intentions faisant écho à l’actualité rapportée de manière différenciée par les médias, la Prière universelle consiste dans une attention prophétique aux signes des temps : elle requiert la lucidité que procure l’Esprit saint pour discerner la signification des événements du monde. C’est ainsi que nous pouvons trouver les mots justes pour dire ce que le monde attend de nous. La Prière universelle s’y élève comme une action de grâce.
Grégory Solari